Bonus: Duguay-Trouin raconte comment il s’est joué de son gardien, Laverdon.

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« Je lui répondis que je le servirais de tout mon cœur [auprès de sa belle], mais que j’étais trop obsédé dans ma chambre, et que je ne voyais aucune apparence de réussir, s’il ne me procurait l’occasion d’entretenir sa maîtresse dans un lieu qui fût plus libre ; que l’auberge voisine de la prison me paraissait très à portée, et fort convenable pour cela ; qu’elle pouvait s’y rendre sans faire naître aucun soupçon, et qu’alors je lui promettais d’employer tout mon éloquence à la disposer en sa faveur. J’ajoutai que j’aurais soin de le faire avertir quand il serait temps, afin qu’il vînt passer avec elle le reste de la soirée. Sa passion lui fait trouver cet expédient bien imaginé ; et nous choisîmes pour l’entrevue le jour qu’il devait être de garde à la prison. J’en prévins ma gentille marchande par un billet, où je lui représentai, de la façon que je crus le plus capable de la toucher, que je succomberais au chagrin de me voir si longtemps captif, si elle n’avait la bonté de contribuer à ma liberté ; ce que j’avais d’autant plus lieu d’espérer, qu’elle le pouvait faire sans courir aucun risque d’intéresser sa réputation. Je fus assez heureux pour la persuader, et pour en tirer parole qu’elle ferait toutes les démarches que je croirais nécessaires au succès de mon projet. »

René Duguay-Trouin, Mémoires ; année 1694.

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