L’humeur du 12 janvier : Talents en herbe.

FFCoup sur coup, dans cette première semaine de l’année, je me suis laissé surprendre par le talent de deux jeunes comédiens. Mardi soir, invité de Cinéfrance 1888 à une avant-première du film de Jalil Lespert, j’ai été ébloui par l’interprétation que donne Pierre Niney du génie fragile de « Monsieur Saint Laurent ». Tant de justesse, tant de fidélité au personnage, tant de sensibilité maîtrisée chez un acteur de vingt-quatre ans : j’avoue avoir été sonné.

Jeudi soir, convié par Myriam de Colombi à une représentation de La chanson de l’éléphant, de l’auteur canadien Nicolas Billon, au Petit Montparnasse, nouvelle révélation ! Je connaissais le nom de Jean-Baptiste Maunier depuis sa prestation remarquée dans Les Choristes, en 2003 ; mais j’étais loin de le deviner, à vingt-trois ans, assez fort et ambigu pour porter avec maestia un huis-clos psychiatrique, dans la peau d’un jeune déséquilibré, à la fois pervers, tendre et désespéré.

Voilà deux surprises enthousiasmantes, et qui laissent bien augurer de la relève. Mais dès que l’on a dit cela, comment ne pas trembler que des talents si prometteurs ne s’envolent après tant d’autres, et – comme le font tellement de jeunes gens et de jeunes filles de mon entourage – n’aillent s’installer loin de France ? On m’a reproché, depuis quelques mois, d’être un peu crispé sur ce phénomène : ce n’est pas sans raison ! Il est grand, grand temps que tous les responsables, à tous les niveaux, prennent la mesure de ce danger. Et tant pis si je donne le sentiment de jouer les Cassandre.

Bravo, en tout cas, à Pierre et à Jean-Baptiste : ils sont la preuve que rien n’est perdu !

PS : L’enfer est pavé de bonnes intentions. Pour l’essentiel, je ne doute pas de celles du ministre de l’Intérieur, lorsqu’il prétend combattre l’antisémitisme. Mais outre que Manuel Valls a offert aux délires de Dieudonné un retentissement inespéré, il est en train d’en faire une victime de la censure, par les interdictions préalables qu’il encourage avec – chose inouïe – la complicité du juge administratif. Certains principes ne supportent aucune exception – aucune ! L’Etat ne devait-il pas, plutôt, faire respecter les décisions de justice déjà prises ? Voltaire détestait le fanatisme, sous toutes ses formes. Mais en l’occurrence, ce qui pourrait le faire se retourner dans sa tombe, c’est l’évolution du droit, telle qu’elle se dessine dans notre pays. Que – ou qui – va-t-on censurer, la prochaine fois ?

 

2 Commmentaires

  1. Dominique. dit :

    Il me semble que l’affaire est aussi un beau coup de pub ministériel: maintenant tout le monde sait que M. Le Ministre a des gros biscottos et gare à qui veut jouer au bras de fer avec lui… Pas bon signe, ça…

  2. Gino HOEL dit :

    En total désaccord avec votre PS, cher FF ! L’Europe et notre pays ont trop souffert de l’antisémitisme et du racisme pour laisser passer de telles horreurs ! Non ?

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