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Versailles est sans doute, au monde, le palais qui aura suscité le plus d’écrits convenus – souvent inexacts. Une infinité de platitudes ont été ressassées à propos de cet emblème de la monarchie française, création personnelle du « Roi-Soleil », cadre brillant des amours du « Bien Aimé » et des frivolités de « l’Autrichienne »…
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Il est vrai que la « grandiose monotonie » instituée par Le Nôtre et par Hardouin-Mansart est un piège où tombent volontiers les auteurs, prisonniers du poncif et du superlatif. A qui voudrait brosser de ce chef-d’œuvre archiconnu un portrait plus juste et plus sensible, il ne suffirait pas de scruter – comme tant de magazines – les secrets et les coulisses de l’ancienne demeure des rois. Encore faut-il envisager le sujet sous un jour personnel, imprévisible. C’est bien le mérite des Dictionnaires amoureux ; or, Franck Ferrand a su mettre leur approche subjective au service d’une véritable redécouverte des lieux. Le château et ses décors, les jardins, le domaine – et jusqu’à cet « esprit de cour » dont Versailles aura été le creuset – apparaissent ici sous un jour vraiment neuf : ils retrouvent leur exubérance native et renouent avec une forme de virginité. Franck Ferrand revisite la bibliographie consacrée ; il convoque le Versailles d’aujourd’hui autant que celui d’autrefois ; il interroge la notion de grandeur et celle de symétrie, révèle les imperfections de l’architecture mais aussi ses prouesses oubliées, les beautés et les failles cachées de l’histoire…
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Dès lors, au fil de pages irriguées par une connaissance intime et pratique de ces lieux de légende, c’est non seulement une civilisation, aujourd’hui mal comprise, qui ressuscite ; c’est aussi le « mythe versaillais » qui reprend vie à travers la photographie, la chanson, le théâtre, le cinéma, la télévision… |