François, J-2 !

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Pourtant, je m’étais bien juré de ne plus prêter le flanc à cette critique que l’on me fait souvent, de « déboulonner les statues » ; pourtant, j’étais résolu à écrire enfin un livre apaisé, à défaut d’être consensuel ! Il faut croire que l’on ne se refait pas, et que dans ma vocation d’historien, le souci de l’honnêteté primera toujours sur celui de la bienveillance… A la veille des célébrations du cinquième centenaire de l’avènement de François Ier, alors que vont fleurir les panégyriques à la gloire du « roi-chevalier », voici donc un portrait-vérité sans la moindre concession. Non, François Ier ne fut pas le grand et bon roi que l’on voudrait qu’il fût ; non, il ne mérite en rien les titres de Père des Lettres et de restaurateur des Arts que lui a décernés une cour de flatteurs appointés.
Le prétendu « grand monarque » fut constamment dominé par sa mère, manipulé par ses maîtresses et par ses favoris, aveuglé par son amour de l’Italie et sa haine de Charles Quint et de ce qu’il représentait. François a pris les mauvaises décisions, mené les mauvais combats, suivi toujours les mauvais conseils ; il fut, dans sa vie comme dans son règne, mal inspiré. Je m’en étais rendu compte, voilà quelques années, lorsque j’écrivais les romans de la série La Cour des Dames ; à l’époque, j’avais été frappé par les travers et les lacunes de ce souverain tellement célébré – à l’heure où tout le monde va s’empresser de louer sa mémoire, il m’a donc paru salutaire de rétablir la vérité sur son compte.
Dans trois jours, paraîtra chez Flammarion François Ier, roi de chimères : un essai biographique où sont posées les questions suivantes : « Est-il un grand roi, celui qui abandonne les affaires de son royaume aux mains de sa mère, de ses maîtresses et de ses favoris ? Qui protège sciemment des coupables et fait condamner un innocent, veillant lui-même à la cruauté du supplice ? Qui se parjure pour échapper aux conséquences de ses actes, et envoie ses enfants moisir en geôle à sa place ? Qui respecte si mal ses engagements, et se résout si bien à la triche et à l’abandon ? Qui coûte cher en tout, revient sans répit à la guerre en méprisant les chances de la paix, accentue les impôts sans mesure, multiplie les dépenses de prestige en période même de disette ? Qui institue la censure, retarde l’imprimerie, persécute de beaux esprits du temps et les contraint à l’exil ? Qui enfin ne prend position, en matière religieuse, qu’en fonction des avantages de l’heure, et n’hésite pas à laisser commettre en son nom un massacre sans précédent d’hérétiques ou supposés tels ? Un grand roi, dites-vous ? »
Je vais encore me faire des amis… J’espère en tout cas vous avoir bientôt pour lecteurs et – à défaut d’emporter forcément votre adhésion – vous amener à réfléchir sur un mythe national en tout point éloigné des réalités.

François Ier, roi de chimères, chez Flammarion. 237p, 19,90 euros– en librairie le 24 septembre.

14 Commmentaires

  1. LIND Colette dit :

    J’attends de vous un « dépoussiérage » de l’image de Saint Louis et de Jeanne d’Arc.
    J’ai lu votre biographie de François 1er ainsi que celle de Max Gallo, puis André Castelot qui a lui aussi un peu cassé l’image lisse du monarque. D’anciens
    numéros du magazine Historia, n’ont guère été tendres avec notre roi bien-aimé !
    merci à vous pour avoir mis à la portée de tous la grande Histoire

  2. Duarte dit :

    Bravo vous faites votre travail, c est rare de nos jours. Un tel livre serait trop courageux sur saint Louis?

  3. bimbamboum dit :

    Monsieur Ferrand
    Pour ma part j’ai toujours été sceptique sur l’alliance avec Soliman dans la mesure où il me semble établi que les Ottomans ont pillé Toulon malgré cette alliance.
    Je lirai votre livre avec intérêt

  4. Fargeix dit :

    Monsieur Ferrand,

    pour abonder – un peu « folkloriquement » – dans votre sens il faut lire le roman picaresque qui met en scène les tribulations du Connétable de Bourbon en proie aux vilenies de François Premier et de sa mère Louise de Savoie.
    La noire destinée du Connétable est autrement romanesque que celle de son cousin roi. Vous pouvez la trouver romancée dans « le trésor du connétable » de Robert Ménardeau aux éditions Edilivre. Qui a réellement gagné Marignan ? François ou Charles ? Et qui des deux a trahi l’autre ? Deux hommes aux étranges destinées : mon cœur va au traître de l’Histoire et vous?

  5. GRENIER André dit :

    André GRENIER

    Mr FERRAND
    La vérité enfin rétablie ! Si j’avais eu vos talents pour l’écriture , il y a longtemps que j’aurais dénoncé ces fables et ces mensonges sur un personnage bien peu vertueux…
    « Ce gros garçon gâtera tout » avait prédit son prédécesseur, LOUIS XII !
    Quelle injustice a t ‘on commis envers ce roi totalement ignoré aujourd’hui des livres d’histoire ! lui qui a réformé la justice et la police durant son règne , qui ne régna qu’ avec l’obsession du bonheur de son peuple ,qui fut le roi le plus vertueux de son temps, ne traitant les affaires d’Italie qu’avec des traitres et corrompus , et dont les pires furent les papes ; j’affirmerai que ce fut le plus humain et le plus « démocrate »de nos rois…Ce fut le plus pleuré des rois par son peuple à sa mort …pourquoi ?
    J’aimerai Mr FERRAND que vous répariez cette injustice de l’histoire en lui consacrant une émission qui rendrai hommage à sa mémoire et fêterai le 500 ème anniversaire de sa mort le 1er janvier 2015…et j’aurai enfin le plaisir d’écouter les commentaires objectifs d’un grand historien sur le règne du « père du peuple »
    Merci à vous d’avoir osé rétablir cette vérité .Ce n’était pas facile…

  6. gibert dit :

    Merci mon cher Frank. Vous êtes un vrai passionné passionnant. Evidemment je vais acheter votre livre et je ne manquerai pour rien au monde l’Ombre d’un doute.
    Continuez pour notre plus grand plaisir.

  7. fey dit :

    Sans compter le massacre des vaudois de provence

  8. Christodoulou dit :

    A part se baffrer, picoler, chasser, guerroyer, culbuter les filles, François I° ne fût pas un bon et grand roi. Tout ce qui fût fait, décidé, promulgué pour le « soi-disant » bien du royaume de France on le doit surtt à Louise de Savoie.
    Pour moi François I° sera toujours d’ Angoulême, un roi capricieux et Bling-bling.
    J’ai hâte de vous lire.
    Quand je pense que ce je viens d’écrire je l’ avais exposé dans un devoir d’histoire et cela m’ à valu un zéro….
    Cordialement,
    Isabelle Christodoulou.

    • Chantal Deléage dit :

      Christodoulou

      Hum Hum le zéro de votre Prof’ a dû être inspiré par le langage choisi : culbuter, se bâfrer, picoler … Vous êtes sans doute de la nouvelle génération. Ce genre de vocabulaire était impensable dans les années 70/80…. on m’aurait virée de l’école!!!

  9. Christophe dit :

    Cher Franck,
    J’attends avec une grande impatience la sortie, mercredi, de votre livre pour avoir la confirmation de ce que je pense depuis longtemps. Il y a peu encore, avant de connaître l’existence de votre ouvrage, je laissais un commentaire sur ‘Facebook’ où j’exprimais ma grande circonspection à l’égard de François Ier, roi surcoté, roi aux innombrables faiblesses et déficiences. Que pèse t-il à côté d’un Louis XI tellement sous-coté et méconnu?
    Cela étant dit, vos fidèles lecteurs, auditeurs et passionnés d’histoire sont sensibles à votre « souci de d’honnêteté ». Vous nagez parfois à contre-courant de la thèse officielle et c’est là tout votre mérite et votre gloire: vous êtes fidèle à vos convictions quitte pour déplaire et indisposer les cajoleurs d’une histoire lisse.
    Je partage vos vues sur plusieurs sujets qui vous sont chers: le site d’Alésia, Molière, ou même Jeanne d’Arc « la petite bergère Lorraine »…
    Continuez de débroussailler les chemins de l’histoire, continuez d’être audacieux et d’agir avec exigence, délicatesse de conscience.
    Vos lecteurs et auditeurs attachés à la rigueur et à la droiture vous en seront toujours reconnaissants.

    Christophe.

  10. Warin dit :

    Je vais le lire avec grand intérêt!!
    Fidèlement….
    Odile

  11. groslier christine dit :

    Enfin l histoire des images d epinal jetée aux oubliettes . Merci de retablir une verite .j avais l impression d etre la seule a penser quand je lisais petite mon livre d histoire que le fait de laisser ses enfants en otage a sa place ne pouvait pas faire un grand roi. Allez franck depoussierez les idees.

  12. cayuela Marie-Paule dit :

    Monsieur Ferrand,
    Vous me poussez toujours à réfléchir et à ne pas prendre pour argent comptant les « vérités » de l’Histoire et j’aime ça alors que j’écris des uchronies ! C’est un comble , me direz-vous mais avant de tomber dans une histoire virtuelle, il est bon que je sache ce qui s’est réellement passé avant le fait qui va venir tout modifier.
    La précision, la rigueur du travail d’historien ne peuvent que forcer le respect , ce qui n’enlève rien à la passion pour l’histoire. Il suffit de vous écouter pour en avoir la certitude. Oh oui, je vais courir acheter le livre aussi sûr que je vous écoute tous les jours sur Europe 1 et que je regarde l’Ombre d’un doute. Merci !!

  13. Sophie Laurent dit :

    Je vais m’empresser de l’acheter !
    Merci pour tout ce que vous faites.
    Cordialement.

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