Humeur du 24 novembre : Haro sur le complot !

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Photographie : Sophie Bassouls

Un demi-siècle après l’assassinat du président Kennedy, on a vu éclore sur la question quantité d’ouvrages, de reportages et de magazines hors-série. Quelques-unes de ces contributions sont remarquables (je pense notamment au beau documentaire JFK, les dernières heures, diffusé par National Geographic) ; d’autres font délibérément scandale ; mais la grande majorité – surtout en France – s’abrite derrière une prudente réserve.

Vendredi, jour anniversaire du crime, je recevais à la radio Vincent Quivy, auteur, au Seuil, du livre : Qui n’a pas tué John Kennedy ? S’y trouvent recensées la plupart des thèses – « jusqu’aux plus farfelues » – ayant cherché à identifier les auteurs véritables de l’assassinat : la Mafia, les Services américains, l’extrême droite, le bloc communiste, etc. Or, à l’issue de sa longue enquête, l’auteur, qui fait preuve d’une circonspection bien française, conclut à la validité de la thèse officielle ! Ce qui a le don de me hérisser le poil : « Enfin, lui demandai-je avant même de prendre l’antenne, que faites-vous de toutes les incohérences dont le rapport Warren est truffé ? » Réponse : « Je ne suis pas adepte de la théorie du complot. »

Et voilà prononcés les mots magiques : la théorie du complot ! Désormais, dans notre pays, toute démarche d’investigation un peu poussée, toute recherche de vérité en dehors de voies tracées par les autorités, toute formulation de soupçon ou de doute, sont assimilées à du « complotisme », et balayées du revers de la main au nom de je-ne-sais-quelle pensée conforme. Haro sur le complot ! Qu’importent les dépositions des témoins de l’époque, les conclusions des experts en balistique, les innombrables indiscrétions qui, mezzo voce, sont venues, depuis cinquante ans, contredire la version officielle. Nos plus grands éditorialistes – Laurent Joffrin en tête – continuent plus que jamais à incriminer Lee Harvey Oswald.

Amen !

Heureusement, il existe encore, en France, quelques esprits indépendants. C’est notamment le cas, me semble-t-il, de l’ancien président Giscard d’Estaing, lorsqu’il affirme dans Le Parisien Magazine, que « ce n’est pas un tireur fou et isolé qui a tué le président des Etats-Unis. » Je suis bien d’accord avec lui – mais nous ne sommes pas nombreux à oser le dire.

6 Commmentaires

  1. JAYET Vincent dit :

    Qui a intérêt à véhiculer l’idée du tireur fou isolé ? Combien d’ouvrages ont été consacrés au tireur fou et combien d’ouvrages sérieux à la théorie du complot ? Pourquoi est-ce que l’on a toujours l’impression quand on parle des Kennedy que le mythe Kennedy ne nous permettra jamais de connaitre la vérité ? Je sais très peu sur les Kennedy, j’ai lu quelques bio, écouté/ regardé quelques émissions à la radio/Tv et chaque fois j’en suis ressorti avec le même constat : la thèse officielle est tellement écrasante, envahissante que l’on ressent comme une sorte de vertige quand on se penche au-dessus de l’abime des Kennedy. Comme pour notre affaire Molière/Corneille (et d’ailleurs la thèse de l’universitaire qui prétend que Molière n’a jamais rien écrit a-t-elle été publiée ?) qui a intérêt à maintenir l’histoire officielle et à taire toute velléité de porter le regard ailleurs, au-delà de l’axe du tueur fou ? Plutarque (n)a (pas) menti ?

  2. Jayet Vincent dit :

    Qui a interet a vehiculer l idee du tireur fou isole ? Combien d ouvrages ont ete consacres au tireur fou et combien d ouvrages serieux a la theorie du complot ? Pourquoi est ce que l on a toujours l impression quand on parle des Kennedy que le mythe Kennedy ne nous permettra jamais de connaitre la verite ? Je sais tres peu sur les Kennedy, j ai lu quelques bio, ecouté/ regardé quelques emissions a la radio/Tv et chaque fois j en suis ressorti avec le meme constat : la these officielle est tellement ecrasante, envahissante que l on ressent comme une sorte de vertige quand on se penche au dessus de l abime des Kennedy. Comme pour notre affaire Moliere/Corneille (et d’ailleurs la these de l universitaire qui pretend que Moliere n a jamais rien ecrit a t-elle ete publiee ?) qui a interet a maintenir l histoire officielle et a taire toute velleite de porter le regard ailleurs, au dela de l axe du tueur fou?
    Plutarque (n)a (pas) menti ?

  3. GAILLARD dit :

    un seul homme n’a pas pu tuer JFK…et pourquoi Oswald a-t-il été exécuté aussitôt ? et pourquoi tous les témoignages n’ont-ils pas été retenus ? (entre autres l’infirmière qui a vu le corps en 1er) etc.

  4. Benoît dit :

    Mon dieu Corneille n’aurait pas écrit pour Molière; Alésia serait bien à Alize Ste Reine et Napoléon 1er reposerait bien aux Invalides! On nous aurait menti M. FERRAND!!!

  5. MPOandCo dit :

    Franck,

    Merci des ces heures délicieuses à l’écoute d’Au coeur de l’Histoire. De la prudence et la réserve naissent les incohérences et le manque de profondeur. Sans entrer dans une théorie farfelue du complot d’intérêts croisés, il est légitime de s’interroger sur ce triste 22 Novembre 1963! Sur l’apport que la disparition, pardon l’élimination, du très gênant JFK avait en faveur d’un JOHNSON, texan, réactionnaire et moins gaillard quant à pourchasser le milieu…

    Un ancien conseiller de la présidence dit qu’il a en sa possession de nombreux enregistrements où des acteurs de l’assassinat parlent, des membres de l’administration JOHNSON et même le président! Il les garde comme une assurance vie car aujourd’hui encore il se sait menacé… Un triste volet du 20è siècle qui nous montre combien être progressiste et humaniste est plus souvent meurtrier que salvateur même si cela libère les consciences! Suivront LUTHER KING, MALCOLM X, Bobby KENNEDY, RABIN… Tous victimes d’avoir parlé de progrès, d’égalité et de paix dans un monde où l’intérêt personnel et financier préfère le chaos…

    Les chevalier D’EON, CASANOVA, BUCKHINGAM avaient au moins le mérite de la superbe et de l’intrigue romanesque…

    Amicalement,

    MPO

  6. Le problème, Franck c’est que tant de bêtises sont écrites par de pseudo-historiens sur tous les sujets qui laissent planer l’ombre d’un doute (pyramides, Louis XVII etc…) que la tentation de l’auto-censure des professionnels sérieux est grande afin qu’on ne dise pas « celui-ci manque de rigueur, c’est un complotiste ou un farfelu! ». Ces réflexion viennent d’ailleurs souvent de l’establishment lui-même: des universitaires des gens bien installés qui ne souhaitent pas faire de vagues au risque de remettre en question tout un échafaudage ayant servi de référence. L’assassinat de Kennedy n’y échappe pas. Et on continuera à raisonner dans le vide tant que les archives, les vraies, les secrètes, n’auront pas été ouvertes. Car il y a des gens qui savent, des documents qui doivent exister mais que l’on tient au secret, précisément parce qu’il y a un intérêt à le faire (je pense à l’affaire Boulin en particulier). Ce n’est pas du complot, juste de la prudence. Comme le principe d’ouvrir grand le parapluie pour ne pas s’exposer aux foudres de ceux qui tiennent les rênes… Je crois que votre rôle comme celui de ceux qui s’intéressent à l’histoire est de montrer que plusieurs pistes sont possibles et qu’elles demeurent. La clarté absolue dans cette affaire, comme dans d’autres n’existe pas: le dire c’est déjà faire oeuvre d’honnêteté intellectuelle.

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