Le Bal des ifs, roman historique 

 

(Flammarion, 2000)

« J’ai trop de tourments à oublier… et tant de vilenies. Je réserve ces matières aux Mémoires qui, depuis quelque temps, meublent mes heures de loisir et que je livre ici. J’y conte par le menu les soubresauts d’une fortune singulière, avec tout ce qu’elle m’a permis de voir et de savoir, et qui est plus singulier encore. Il me paraît que c’est l’occupation rangée d’une femme qui ne se soucie plus de plaire, ou presque plus… Moi, Jeanne de Pompadour, après avoir tant aimé mon maître Louis XV, lutté pour l’approcher, l’envoûter, le garder, bataillé pour m’imposer à Versailles, me méfier des faux amis et des vrais traîtres, agir et non seulement séduire, j’entre désormais dans un âge où l’on se retourne à plaisir sur ce qu’on a pu réussir ou manquer.

Après dix-neuf ans passés auprès du Roi, je couche ces souvenirs avec toute la sincérité possible, ce qui m’amène à dire bien des choses, sur bien des gens. Accablée par la bêtise des dévots, mes ennemis jurés, déçue par la cupidité de quelques-uns de mes vieux amis de la finance, je ne me suis trouvé d’alliés véritables que dans les philosophes – et dans ma propre passion. Aujourd’hui, si je ne puis tout révéler sur les uns et les autres, du moins je ne veux pas mentir ; et je ne diminuerai jamais ni le mérite des braves ni l’incurie des sots.

Et pour tout dire, je serai payée de mes efforts si ces confessions peuvent aider de jeunes personnes à se diriger plus vite vers le bon et le vrai ! Marquise de Pompadour. »

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