L’humeur du 17 novembre – A-côtés

FF
« Mon fils veut devenir historien, pensez-vous que ce soit une bonne idée ? » me demandait, il y a quelques jours, une mère visiblement angoissée. « Ma sœur voudrait faire des études d’histoire, qu’est-ce que vous lui conseilleriez ? » s’était enquis, peu avant cela, un jeune homme que j’avais croisé dans un salon du livre. La vérité, c’est que l’état d’historien n’est pas, en soi, un métier. Avant de se lancer, il me paraît donc recommandé, pour le moins, de cerner ce que l’on entend par ce terme d’historien, au demeurant galvaudé, et qui recouvre une multitude d’activités : archéologue, archiviste, enseignant, cinéaste, conservateur, écrivain, généalogiste, antiquaire, simple amateur ?

Dans mon cas, l’homme de médias a depuis longtemps pris le pas sur le chercheur et même – hélas, peut-être – sur l’auteur. Il m’arrive de moins en moins d’aller au contact du document, de plus en plus de travailler sur des sources de deuxième, pour ne pas dire de troisième main ; je me rattrape autrement, en concevant pour la radio et la télévision des exposés qui réclament esprit critique et sens de la synthèse… Mais dans ma façon d’être historien, ce qu’il y a de magnifique, ce sont les rencontres.

Pour grappiller quelques exemples au hasard de mon agenda des trois dernières semaines – et pour ne rien dire des entretiens radiophoniques dont chacun peut juger – j’aurai ainsi reçu dans nos bureaux le doyen des chauffeurs de taxis parisiens (M. Said, le mercredi 30) et un jeune passionné d’histoire atteint de maladie dégénérative (Ewan, le mardi 12), recueilli les vues sur l’histoire de l’ancien président Giscard d’Estaing (aux Archives nationales, mardi 29 octobre) et de l’ancienne impératrice d’Iran (au téléphone, lundi 4 novembre), croisé de nombreux lecteurs, auditeurs et téléspectateurs – pas plus tard que le jeudi 14, chez Gibert-Joseph, à l’invitation de Vianney Mallein, échangé des vers avec Yann Queffelec et Gonzague Saint-Bris (chez Claude Douce, à Sauvebœuf, le samedi 9) et des réflexions senties avec Eve Ruggieri (au Palais de la Légion d’Honneur, le mercredi 6, en sortant du plateau de Paul Wermus où nous nous étions bien amusés avec Macha Méril)… Toutes ces rencontres fortes et même, pour certaines, intenses, ne sont pas incluses à proprement parler, dans le métier– mais elles en sont pour moi l’un des plus heureux à-côtés.

2 Commmentaires

  1. Capdepont dit :

    En tout cas c génial de vous entendre sur Europe 1 et la trilogie que je lis en ce moment au temps d Henri 2 est captivante. Donc si vous êtes historien médiatique ou médiatisé le résultat vaut le coup.

  2. Séverine dit :

    Historien et/ou passionné d’histoire. L’essentiel est, me semble-t-il, de savoir nous faire partager votre passion et vous savez, ô combien, le faire ! L’art de la synthèse est difficile comme celui de passer d’un thème à l’autre sans se lasser. Curiosité, analyse, écoute, rigueur sont autant de compétences nécessaires à votre métier qui est aussi de vulgariser. Continuez à nous enchanter !

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