L’humeur du 27 octobre : Louons Toutatis !

FFJeudi matin, sur le chemin de la radio, je me suis procuré le nouvel opus d’Astérix. Soigneusement, je l’ai glissé dans mon sac, entre deux dossiers d’histoire – conscient de sacrifier à quelque doux rite automnal aux relents nostalgiques… Le moment venu, avant d’ouvrir l’album, j’ai un instant retenu mon souffle : Astérix chez les Pictes est le premier épisode jamais conçu sans le concours direct d’un des « papas » de la série. Aussi me demandais-je – comme des milliers de fidèles, sans doute – si Didier Conrad avait su prendre le coup de crayon d’Uderzo et restituer avec la même générosité l’atmosphère du village gaulois ; si Jean-Yves Ferri avait pu renouer avec l’esprit imitable, certes, mais subtil, de Goscinny , et conserver aux personnages leur saveur singulière…

Autant le dire : j’ai vite été rassuré. Ce trente-cinquième épisode des aventures d’Astérix est né classique ; il multiplie les emprunts aux albums de la grande époque sans tomber, pour autant, dans le pastiche. Je l’ai trouvé bien équilibré, vif, assez enlevé… Et je crois pouvoir dire qu’Astérix n’a pas fini de nous enchanter. Où l’on songe à la mort de Tintin, en 1983, à travers celle d’Hergé… Les héros populaires appartiennent-ils à leurs créateurs ? Agatha Christie le pensait, qui a tué Poirot dans Curtain et Miss Marple dans Sleeping murder. Albert Uderzo a soutenu le contraire après la mort de son partenaire René Goscinny ; il persiste et signe – pour notre plus grande joie !

Il y a un an, exactement, j’ai eu l’honneur de recevoir ce maître du Huitième art dans un numéro spécial d’au cœur de l’histoire. Il nous a raconté les circonstances de la naissance de la série, « dans un HLM de Bobigny » ; il est revenu sur la création du personnage d’Obélix, sur l’invention progressive de tout un univers, appelé à connaître un succès planétaire… J’avais pour lui rendre hommage, ouvert l’émission sur ces mots de Baudelaire : « C’est l’imagination qui a enseigné à l’homme le sens moral de la couleur, du contour, du son et du parfum », disait en effet le poète. Eh bien je ne pense pas qu’il existe de plus jolie création que celle d’un petit monde imaginaire, justement empli de parfums, de sons et de couleurs, dans lequel les gens puissent aller se ressourcer à loisir.

Ainsi le chef, Abraracourcix, le druide, Panoramix, le barde Assurancetourix, et tous les personnages créés en 1959 s’apprêtent-ils à vivre une nouvelle vie – la troisième, en quelque sorte… Louons-en Toutatis !

1 Commmentaire

  1. MORITZ Benoît dit :

    L’autre mort des héros de papier est celle qui survient 70 ans après celle de leur créateur. A partir de cette date le personnage entre dans le domaine public et peut être repris par n’importe qui, peut être pour le meilleur, mais plus probablement pour le pire. Astérix, tout comme avant lui Spirou ou Blake et Mortimer en se prolongeant sous la plume d’autres auteurs (qui ont reçu l’onction de leur créateur s’entend) évitent peut être ce fâcheux destin. C’est si vrai que Tintin, officiellement mort avec Hergé en 1983 pourrait peut être ressusciter en 2052 :
    http://www.directmatin.fr/culture/2013-10-22/tintin-pourrait-ressusciter-en-2052-590454

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