Le billet du 2 mars: Sauvons nos trésors !

MéridienneLa notion existe au Japon depuis 1950. Rien d’étonnant à ce que des « trésors vivants » aient été identifiés, protégés d’abord au sein de l’Empire des Signes, au pays où la civilisation, dans ses raffinements suprêmes, tient à certains rites. Les grands maîtres du Nô et du Kabuki, mais aussi les artisans-artistes en céramique, en laque, en tissages précieux, font l’objet, de la part des Japonais, d’une vénération aussi forte que les trésors matériels de pierre ou de bois. Certains gestes, après tout, ne témoignent-ils pas de siècles de peaufinage, de tension vers une forme de perfection ?

Plus proches de nous, dans l’esprit, dans l’espace et dans le temps, des intellectuels marocains ont fait émerger, depuis un quart de siècle, la notion voisine de « patrimoine immatériel ». La France s’en est emparée, et l’on a vu, en 2005, éclore ici le label Entreprise du patrimoine vivant (EPV), visant à distinguer et à défendre une certaine excellence artisanale. Il est vrai que notre pays, depuis bien longtemps, excelle en matière de broderie, de maroquinerie, d’orfèvrerie, entre autres – de gastronomie aussi…

Hélas, en dépit de ces bonnes intentions, les métiers d’art appartiennent aux activités en voie de disparition, et je ne cesse de rencontrer des marqueteurs spécialisés, des horlogers régionaux, des marbriers survivants, effondrés de voir se perdre un savoir-faire dont ils se savent dépositaires ultimes. Trop de contraintes, trop de charges, et surtout trop de dureté dans la discipline à suivre… « Les jeunes ne veulent plus se donner cette peine », me répète-t-on.

Est-ce tellement vrai ? Et si, en vérité, le problème résidait dans un défaut de notoriété ? Si certains savoir-faire uniques disparaissaient, faute, simplement, d’avoir su se faire connaître ?

Je visitais récemment le chantier de restauration du boudoir versaillais de Marie-Antoinette – ce que l’on appelle le Cabinet de la Méridienne. Les merveilleuses boiseries de cette petite pièce, une fois démontées, laissent apparaître leur complexité inouïe – jeu sublime, étourdissant même, d’emboitements et de coulissages. Or, le jeune homme qui nous en révélait les secrets n’avait pas vingt ans ! C’était un apprenti tout habité par sa matière, visiblement ébloui lui-même par ce grand art de la haute-menuiserie, qu’il espère maîtriser un jour comme l’ont possédé ses lointains devanciers.

Je me disais, en le voyant s’enflammer pour des tours de force d’un autre âge, que tout n’était peut-être pas perdu…

« Ce chantier de la Méridienne met en jeu dix grands savoir-faire, m’explique Roland de L’Espée, président des Amis de Versailles. Menuiserie, mais aussi dorure, bronzerie, serrurerie, marbrerie, parqueterie, miroiterie, ébénisterie, tapisserie et passementerie. La quasi-totalité des grands métiers d’art est sollicitée, si nous voulons mener à bien cette entreprise ambitieuse de restauration totale. »

Voilà une bonne– que dis-je, une impérieuse – raison d’aider la Société des Amis de Versailles à mener à bien son nouveau projet. Arrêtons de gémir sur ce qui disparaît ; mobilisons-nous plutôt pour sauver ce qui ne demande qu’à vivre !

Société des Amis de Versailles, www.amisdeversailles.com

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Les coulisses de l’émission du 19 mars sur Versailles !

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Billet d’humeur: Paris aux Parisiens ?

Blason ParisDans le bataille des Municipales, Paris occupe une place à part ; or, le grand duel des dames y éclipse ce que peuvent dire ou faire les autres têtes de listes. Ni les uns ni les autres, au demeurant, ne démentiraient vouloir  rendre – ou laisser – « Paris aux Parisiens ». Ont-ils raison ? Après tout, capitale de la  France, Paris appartient-elle vraiment aux Parisiens ? Ne serait-il pas plus juste d’estimer qu’elle « appartient » aux Français – à TOUS les Français ?

Pendant des siècles, rappelons-le, cette ville n’a pas eu de maire. Certes, la puissante corporation des « marchands de l’eau », qui percevait des droits sur le trafic fluvial, s’était organisée en une sorte de conseil municipal avant la lettre, ses échevins désignant un prévôt, sorte d’arbitre suprême. Saint-Louis ayant voulu aligner le statut de ce dernier sur celui des baillis – c’est l’origine du Grand Châtelet – il concéda aux mariniers l’élection d’un « prévôt des marchands » qui connaîtrait des questions commerciales et fiscales. Or, un siècle plus tard, le prévôt des marchands était devenu si menaçant pour le pouvoir royal que Charles V, échaudé par la révolte d’Etienne Marcel, en suspendit l’exercice. Echevins et prévôt ne furent rétablis qu’en 1412 – et encore : sous le strict contrôle d’une monarchie qui devait désormais les assimiler plus ou moins a des fonctionnaires royaux…

Le dernier prévôt des marchands fut le pauvre Flesselles, assassiné en 1789 lors de la prise de la Bastille, et dont la tête fut, au bout d’une pique, promenée dans les rues de Paris. Lui succéda le premier véritable maire en titre : ce Bailly qui devait présenter à Louis XVI la cocarde tricolore et, en juillet 1791, laisserait la Garde nationale tirer sur la foule, au Champ de Mars. A son tour, il y perdra la tête ! Ses successeurs, après Pétion de Villeneuve, seront de plus en plus « à gauche » – « montagnards », comme on disait alors…

Il allait revenir à Bonaparte, une fois de plus, de siffler la fin de la récréation. Or, le Premier consul ne s’y trompe pas : divisant Paris en douze arrondissements, il confie la gestion des problèmes quotidiens des Parisiens aux maires de ces arrondissements ; pour le reste, les affaires de la capitale de la France lui paraissent devoir relever de l’Etat, qui les assumera donc à travers l’aigle à deux têtes d’un préfet de la Seine et d’un préfet de police. Peu ou prou, tous les régimes qui succéderont à l’Empire s’autoriseront de cet exemple – à l’exception de l’éphémère Deuxième République, en 1848, et de celle instituée à la chute du Second Empire, en 1870, et qui devait déboucher sur l’insurrection de la Commune.

Même les Républicains de 1884, alors qu’ils doteront les autres communes de France d’un conseil municipal élu au suffrage universel, même eux s’interdiront d’instituer, au-dessus des maires d’arrondissement, un maire de Paris qui pourrait substituer, dans sa gestion de la capitale, les intérêts municipaux de la ville aux intérêts nationaux de la capitale. Il faudra attendre 1977 et la réforme giscardienne pour voir surgir, au cœur de notre vie politique, une figure nouvelle, d’envergure nationale forcément : le maire de Paris, version contemporaine. Etait-ce un bien ? A tout le moins, il est permis d’en douter.

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Franck Ferrand, au cœur du succès de l’historien d’Europe 1-page-001

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Florence, la magnifique

Mercredi 8 janvier 2014, à 20h45 sur France 3 : « L’Ombre d’un Doute » Florence, la magnifique

Florence, la magnifique

Florence : la cité des génies ! Son nom fait rêver dans le monde entier ! Ceux qui ont fait de cette ville ce trésor universel, ce sont les Médicis, une famille de mécènes extraordinaires qui ont fait éclore à Florence la Renaissance.

Dans ce documentaire unique nous allons littéralement plonger au cœur de cet univers extraordinaire. Grâce au partenariat initié cette année avec Ubisoft, des images de synthèse crées pour le jeu Assassin’s Creed II vont vous permettre de découvrir Florence telle qu’elle était au temps des Médicis ; comme si vous y étiez ! Le Duomo, le Ponte Vecchio, le Palais Médicis… Vous découvrirez des monuments qui font l’admiration du monde entier tels qu’ils étaient quand ils furent édifiés…

Florence, entièrement et minutieusement reconstituée dans ses moindres détails, revit sous nos yeux !

Florence, ville d’or et de sang : d’une incroyable richesse avec ses banquiers, les plus puissants d’Europe ; d’une sophistication inégalée avec ses savants, ses architectes, ses peintres et ses sculpteurs ; cruelle et sombre aussi, avec ses complots, ses meurtres, ses trahisons…

Grâce à des documents rares et souvent inédits, nous révèlerons les secrets de la fortune des Médicis. Cette illustre famille donna à la France deux reines: Catherine et Marie. Vous appendrez comment les Médicis, grâce au rayonnement de Florence et de ses artistes, vont infléchir le cours de l’histoire de l’Europe entière. Grâce à eux, Florence va devenir la cité des génies : Michel-Ange, Léonard de Vinci, Donatello, Botticelli… Tous ses personnages hors du commun avaient littéralement élu domicile dans le palais des Médicis où ils créèrent certaines de leurs œuvres les plus marquantes.

Vous serez plongés dans cette atmosphère si particulière d’une époque où chaque jour voit naitre de nouveaux chef-d’œuvres !

Vous découvrirez pour la première fois aussi la cachette où Michel-Ange s’est réfugié pour échapper à la vengeance de ses anciens mécènes qu’il avait trahit.

L’histoire de Florence est tumultueuse et romanesque : le complot pour assassiner Laurent le Magnifique, la dictature religieuse du moine Savonarole, la rencontre secrète entre Machiavel et César Borgia, les turpitudes d’Alexandre le Maure et de son cousin Lorenzino… Nous revivrons ces épisodes chargés de mystères.

Le mot de Franck Ferrand à propos de l’émission :

Florence : une ville dont il est facile de tomber amoureux. Parce qu’elle est la cité des Médicis, ces puissants mécènes aux origines de la Renaissance. Parce qu’elle a hébergé des génies, dans tous les domaines, bâti des palais majestueux et le Dôme le plus vertigineux.

Grâce à des images de synthèse nous allons faire revivre Florence au temps de sa splendeur.

Mais que cache toute cette richesse ? Et qui est cette famille de Médicis, devenue la plus puissante d’Europe ? Puissante au point de donner deux reines à la France : Catherine et Marie de Médicis ?

Derrière la fête, l’opulence et les plaisirs, Florence est aussi la ville des meurtres, des conjurations, des vengeances… Je vous propose de faire connaissance avec Cosme l’ancien, le « père de la Patrie », adulé, banni, sauvé – et de percer les secrets de cet homme inouï, protecteur des plus grands. Puis nous revivront un attentat contre Laurent le Magnifique… Nous verrons comment le moine Savonarole a semé la terreur en ville, et imposé aux Florentins une dictature religieuse – avant de sombrer à son tour ! Nous chercherons à mieux connaître Nicolas Machiavel – moins machiavélique qu’on ne l’a dit – et à savoir qui a brisé son ascension.

Nous assisterons à l’incroyable trahison des Médicis par Michel-Ange, et visiterons, pour la première fois, cette cachette où le maître a laissé de somptueux graffiti. Enfin nous vibrerons de l’amour des Florentins pour leur fabuleux patrimoine – si souvent menacé au fil des siècles.

Rendez-vous le Mercredi 8 janvier 2014 à 20h45.

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VYP – Versailles, une approche subjective

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Dictionnaire amoureux de Versailles

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