L’humeur du 22 septembre : Transmission

Le Figaro« Passeur d’histoire » : ainsi me qualifie Blaise de Chabalier, dans son beau portrait du Figaro. Non seulement j’accepte le terme, mais je le reprends bien volontiers à mon compte ; car il induit une notion essentielle à mes yeux : celle de transmission.


Transmission de valeurs par les parents, transmission de connaissances par les professeurs, transmission de gestes et de pratiques par les professionnels… Je me souviens avec émotion de ces apprentis que, dans mon enfance, je voyais venir chercher à la maison, auprès de ces maîtres dans leur domaine qu’étaient mon père et mon grand-père, la transmission de savoir-faire magnifiques, hérités de toute une histoire artisanale. C’était le prix de la « belle ouvrage » !


Aujourd’hui, où que j’aille – au gré de mes déplacements pour la radio ou la télévision – je rencontre des professionnels de haut niveau, détenteurs de techniques d’excellence, et qui, tous, me disent la même chose : « On ne trouve plus de jeunes à qui transmettre notre savoir-faire. Après nous, c’est fini : c’est un métier qui va disparaître. » Et certains, avec une pointe d’angoisse dans la voix, ajoutent : « Dites-le, vous qui avez des auditeurs ; faites-le savoir ! » Je le fais savoir…


Certains sourient, haussent les épaules : « Il faut vivre avec son temps, accepter que l’économie évolue ! » Au nom de quoi ? Du seul profit ? Ces défenseurs du changement à tout prix se trompent de sujet : lorsqu’un savoir – intellectuel ou manuel – se perd, ce n’est pas l’économie qui évolue ; c’est un peu du patrimoine qui s’effrite. Les Pouvoirs publics en sont d’ailleurs conscients, qui défendent la notion de « patrimoine vivant » – mais la défendent jusqu’où ?


Le fait est que nous avons grand besoin de « passeurs », dans tous les domaines – et si, à ma petite place, je puis faire office de « passeur d’histoire », alors j’en serai heureux.

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[Bonus] : Je suis comme la licorne, poème de Thibaut de Champagne (1201-1253)

Licorne MoreauJe suis comme la licorne, poème de Thibaut de Champagne (1201-1253)


« Je suis comme la licorne
En extase devant la jeune fille
Dont elle ne détache pas ses regards.
Elle éprouve un si doux malaise
Qu’elle tombe sans connaissance en son giron.

Alors on la met à mort par traîtrise.
De même Amour et ma dame
M’ont blessé à mort, en vérité :
Ils ont mon coeur et je ne puis le reprendre.
Dame, quand je fus devant vous
Et que je vous vis pour la première fois,
Mon coeur tressaillit tant
Qu’il vous resta à mon départ.

Je fus alors emmené sans demande de rançon,
Captif dans la douce prison
Dont les piliers sont faits de désir,
Les portes de beaux regards
Et les anneaux de bon espoir.
Amour a la clé de la prison
Et il y a placé trois portiers.

Le premier s’appelle Beau Semblant
Et Amour a fait de Beauté leur maîtresse.
Il a mis Danger devant la porte,
Un vilain, affreux, traître, dégoûtant,
Un gueux, un scélérat.
Ces trois-là sont rusés et hardis,
Ils se saisissent vite d’un homme.
Qui pourrait supporter les mauvais traitements
Et les assauts de ces portiers ?
Jamais Roland ni Olivier
Ne soutinrent si grandes batailles ;
Ils vainquirent en combattant,
Mais c’est en s’humiliant qu’on triomphe de ceux-là.

Patience est le porte-bannière ;
En ce combat dont je vous parle,
Il n’y a d’autre salut qu’en la pitié.
Dame, je ne redoute rien de plus
Que d’être privé de votre amour.
J’ai tant appris à supporter
Que je suis à vous par habitude ;
Et dussiez-vous en être fâchée,
Je ne pourrais y renoncer en rien,
Sans en garder le souvenir,
Sans que mon coeur soit toujours
En prison, auprès de moi.

Dame, puisque je ne sais pas tromper,
Il serait temps d’avoir pitié de moi,
Accablé sous un si pesant fardeau. »


Traduction Alexandre Micha

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[Bonus] : Le jeune Néron vu par Tacite

TaciteVoici un extrait des Annales, où Tacite évoque les désordres nocturnes de Néron à travers Rome ; on est en 56 de notre ère. ( Livre XIII, chapitre 25)

Le consulat de Q. Volusius et de P. Scipion vit au dehors une paix profonde, au-dedans les plus scandaleux désordres. Néron parcourait les rues de la Ville, les lieux de débauche, les tavernes, déguisé en esclave, et accompagné de gens qui pillaient les marchandises et blessaient les passants. On le reconnaissait si peu, que lui-même recevait des coups dont il porta les marques au visage. Quand on sut que l’auteur de ces violences était César, les violences se multiplièrent contre les hommes et les femmes de premier rang. Une fois la licence autorisée par le nom du prince, d’autres commirent impunément, avec leurs bandes, de semblables excès, et Rome offrait chaque nuit l’image d’une ville prise. (…) Néron, cependant, devenu plus timide, s’entoura de soldats et de gladiateurs. Tant que la lutte n’était pas trop violente, ils la traitaient comme une querelle privée et laissaient faire ; si la résistance était un peu vigoureuse, ils interposaient leurs armes.

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Conférence sur l’histoire d’Europe 1 au Studio Merlin

Europe 1A l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine, Franck Ferrand donnera une conférence sur la station historique de la rue François Ier.


– Samedi 14 septembre à 16h


– Dimanche 15 septembre à 14h


Inscription gratuite : relationsauditeurs@europe1.fr

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Zola a-t-il été assassiné ?

Mercredi 28 août 2013, à 23h05 sur France 3 : « L’Ombre d’un Doute » Zola a-t-il été assassiné ?

(rediffusion)

Zola a-t-il été assassiné ?

Le 29 septembre 1902, l’annonce de la mort d’Emile Zola fait l’effet d’une bombe. Dans une France encore marquée par l’affaire Dreyfus, l’illustre écrivain était devenu un symbole politique. Quatre ans auparavant, Zola avait déchaîné les passions en défendant publiquement le capitaine juif dans son célèbre article J’accuse. Pour les antidreyfusards, il était devenu l’homme à abattre. Pourtant en 1902, une brève enquête conclut à une mort accidentelle. 50 ans plus tard, un témoignage va bouleverser la thèse officielle : Emile Zola aurait été assassiné…

Effectivement, les menaces de mort pleuvaient sur Emile Zola depuis la publication de J’accuse. Certains journaux antidreyfusards en appelaient même au meurtre. En 1901, une bombe artisanale fut retrouvée devant chez lui, rue de Bruxelles à Paris.

C’est dans cette maison qu’il périt l’année suivante, asphyxié par l’oxyde de carbone d’une cheminée défectueuse. D’après les enquêteurs, la cheminée se serait bouchée du fait des trépidations de la rue. Une thèse pas vraiment satisfaisante du fait du peu de passage rue de Bruxelles. Plus étonnant, une expérience reproduisant les circonstances d’une mort accidentelle avec des animaux cobayes n’aboutit pas à leur mort ! Malgré toutes ces incohérences, l’enquête en reste là de peur de raviver les tensions de l’affaire Dreyfus.

Il faudra attendre un demi-siècle pour que la contre-enquête de Jean Bedel, un journaliste de Libération apporte une explication satisfaisante. Ses révélations sont fracassantes : un certain Henri Buronfosse, entrepreneur en fumisterie et antidreyfusard, a bouché la cheminée des Zola le jour de sa mort, et débouché le lendemain !

Rendez-vous le Mercredi 28 août 2013 à 23h05.

+ En savoir plus…

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La Peste de 1720 : a-t-on sacrifié Marseille ?

Mercredi 7 août 2013, à 23h05 sur France 3 : « L’Ombre d’un Doute » La Peste de 1720 : a-t-on sacrifié Marseille ?

(rediffusion du 11/12/2012)

La Peste de 1720 : a-t-on sacrifié Marseille ?

Mai 1720. Quand le bateau le Grand Saint Antoine arrive à Marseille, il est porteur d’un des plus grands fléaux de l’Histoire : la peste. En quelques jours, la maladie, tapie dans les tissus importés d’Orient, se répand dans la ville. Pourtant, Marseille avait tous les moyens de se prémunir d’une épidémie. S’agit-il d’une simple négligence ? Ou a-t-on mis sciemment en danger des dizaines de milliers de vie ?
Grâce à des documents d’archives accablants, l’Ombre d’un Doute dévoile, près de 300 ans après, les dessous d’un scandale qui décima la moitié de la population marseillaise.

Avant l’arrivée du bateau, 7 membres de l’équipage ont succombé à une mort suspecte annonçant la Peste… Le Grand Saint Antoine est mis en quarantaine sur l’île de Jarre au large de la cité Phocéenne, mais sa marchandise est finalement débarquée, en dépit des principes de précautions les plus élémentaires !

Accusé d’avoir trompé les autorités sanitaires, le capitaine Chataud est arrêté et emprisonné le 8 septembre 1720. Aujourd’hui, l’examen des patentes du bateau et des rapports du capitaine prouvent que le capitaine Chataud n’a pas fauté. Au contraire, il avait même directement informé les armateurs du bateau et le premier échevin de la ville, le maire de l’époque, Jean-Baptiste Estelle…

(suite…)

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Nostradamus : la vérité sur ses prophéties

Mercredi 31 juillet 2013, à 23h05 sur France 3 : «L’Ombre d’un Doute» Nostradamus : la vérité sur ses prophéties

Nostradamus : la vérité sur ses prophéties

Nostradamus : la vérité sur ses prophéties

Nostradamus fut considéré en son temps comme le plus grand des oracles. Les vers énigmatiques de Nostradamus se prêtent à d’innombrables interprétations. C’est la clé de leur succès et la raison pour laquelle, aujourd’hui encore, des exégètes du monde entier tentent de lire l’avenir dans ces prophéties, leur assurant une postérité exceptionnelle.

(suite…)

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