Pour la nouvelle année !

FFPour la nouvelle année, Lucile, fidèle auditrice, a détourné un beau pastel de La Tour représentant Louis XV en armure, en substituant mes traits à ceux du Bien-Aimé. Le résultat, j’en conviens, est assez troublant…

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Rendez-vous Mercredi 8 Janvier à 20h45 sur France3 !

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L’humeur du 29 décembre : Assez, assez !

FFEn cette fin de millésime, j’avais prévu de tracer aujourd’hui un bilan de notre année 2013. Mon humeur en décide autrement – après tout, ceci doit rester un billet d’humeur ! Or, aujourd’hui, je suis en colère, ce qui n’est pas, j’en conviens, le meilleur état d’esprit pour aborder la Saint-Sylvestre… La raison de mon coup de sang ? La décision du Gouvernement – annoncée en catimini, pendant la « trêve des confiseurs » – de défendre le monopole des taxis en entravant l’activité de ce qu’on appelle les VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur). Il se trouve que je fais grand usage, chaque jour, de ce service efficace et que je vais, comme beaucoup d’autres, pâtir de cette nouvelle limitation. Toujours ce choix de la contrainte !

Conséquence : je rumine. A moins que je ne philosophe…

La question de fond n’est-elle pas d’établir à quoi devrait tendre le gouvernement des hommes ? S’agit-il avant tout de créer les conditions d’une activité florissante, et de donner aux plus forts les moyens de s’épanouir en tirant la société vers le haut ? Au risque, il est vrai, de créer des laissés-pour-compte… Ou bien s’agit-il de fixer des règles et des limites, et d’éviter que les plus faibles ne « décrochent » ? Au risque, c’est certain, de décourager les plus entreprenants… En homme de compromis, j’ai longtemps pensé qu’une politique équilibrée n’avait pas à choisir entre ces deux options, et qu’un gouvernant sage devait les assumer de front.

Hélas, depuis un quart de siècle, j’ai mille fois pu éprouver, en vérité, que ces alternatives ne sont nullement conciliables. Soit on permet vraiment aux éléments actifs de propulser la collectivité, soit on s’attache ouvertement à soutenir les éléments moins actifs – c’est l’un ou l’autre. Il faut choisir. Pour ma part – et c’est peut-être le fils d’artisan qui s’exprime ici – j’ai fait le choix du dynamisme, de l’émulation, de l’activité, de la liberté, du mouvement ! Et j’en assume les conséquences.

Puisque je suis en colère, j’en profiterai pour dire que j’en ai assez de voir mes amis – et les enfants de mes amis – émigrer en masse vers l’Angleterre, l’Amérique, l’Océanie, l’Extrême-Orient, parce qu’ils ne voient plus de perspective en France. Assez de verser chaque année plus d’impôts – dans des proportions qui deviennent absurdes – alors que l’Etat entretient de plus en plus mal ce qui me tient à cœur : notre patrimoine historique, civil et religieux. Assez d’entendre partout mes lecteurs et mes auditeurs gémir, se plaindre de la paperasserie et de la suradministration locale, nationale et européenne. Assez, assez !

Je connais trop bien l’histoire de France pour savoir ce que tout cela nous annonce. Et je regrette, de tout mon cœur, l’aveuglement surprenant –  incroyable si l’on y songe – de ceux qui, aux affaires, croient pouvoir tabler à l’infini sur la patience des gens de bien. On tire, on tire sur la ficelle. Je crains qu’elle ne finisse par céder.

Cela exprimé, bon passage à tous vers 2014 !

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Je vous emmène en croisière ?

Mon grand rendez-vous du printemps 2014: 12 jours à bord d’un paquebot de rêve, pour parler d’histoire, de Rome à Athènes, d’Ephèse à la Crète et à Malte ! Des places sont encore disponibles: profitez-en, rejoignez-nous !

FF

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L’humeur du 22 décembre : Rituels

FFChaque saison a son charme à mes yeux ; chaque grande fête m’apparaît comme imprégnée de son climat propre, qu’un goût certain du pittoresque m’amène à cultiver. J’aime ainsi les joies printanières du temps pascal, quand on relit Les jeunes filles en fleurs au bord de la mer, et qu’on écoute les Passions de Bach en cuisinant du chevreau à l’ail vert – concession à mon enfance poitevine… J’affectionne les réjouissances du 14-Juillet, flonflons et pétards compris, même si je leur préfère, bonheur estival inouï, les grandes représentations de Verdi, de Wagner, de Puccini sous les étoiles… Je vais jusqu’à trouver quelque attrait aux réminiscences grises de novembre – chrysanthèmes et sonneries aux morts – qui ne vont jamais, dans mon esprit, sans un bon feu de bois et le sacrifice quasi-rituel au film de Tavernier, La vie et rien d’autre… C’est ainsi : j’ai mon œuvre fétiche pour chaque page du calendrier.

A Noël, ce sont les Aigles foudroyés. Sur fond de sapin scintillant, dans un parfum crépitant d’épices, de mandarine et de thé à la cannelle, je me laisse bercer, des heures durant, par la voix musicale de Frédéric Mitterrand, égrenant les excentricités du Kaiser, les faux-pas de la Tsarine, les bonnes actions du roi d’Angleterre et les fantaisies de la triste impératrice d’Autriche. Mon cœur est alors à Balmoral, auprès de la reine Victoria, à la Hofburg, dans l’ombre de François-Joseph, ou encore sur le pont du yacht impérial Standart, où les grandes duchesses Olga, Tatiana, Maria et Anastasia font danser leur petit frère… Il me semble que les traineaux de Saint-Pétersbourg, comme les chocolats chauds, ambrés, de la maison Demel, à Vienne, sont propices à faire advenir – plus que nos voitures vertes ou les thés-citrons synthétiques – la magie de Noël.

Belle Epoque idéalisée, sans doute, mais où je viens me ressourcer toujours, comme en un bain de nostalgie. D’où vient-il, au fond, que j’aime tant le quart de siècle qui s’ouvre avec l’Exposition de 1889 et se ferme à la Guerre de 1914 ? Il faut croire qu’en dépit de son militarisme, de ses épidémies, de ses crises coloniales et de ses attentats anarchistes, cet âge où l’on cultiva beaucoup le plaisir, l’insouciance et le progrès, marqué par le cinématographe et la « Fée électricité », l’aéroplane et de l’automobile, ce temps béni de Monet et de Renoir, de Lucien Guitry et de Sarah Bernhardt me parle plus que d’autres… Connaissez-vous de romans plus troublants que La mort à Venise, plus ensorcelants que Madame Solario ? C’est possible –pour ma part, je continuerai sans doute à fêter Noël en 1900.

Belle et bonne fin d’année à tous !

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L’humeur du 15 décembre : Mots aimables

FFIl aura pris son temps : deux mois après sa parution, mon Dictionnaire amoureux de Versailles semble commencer enfin à trouver son public. Les petites cartes affluent dans ma boîte-aux-lettres, noircies de choses plutôt gentilles ; les gens m’en parlent dans la rue – le plus doux compliment étant celui d’une dame, hier, à La Rochelle. « Je lis votre Dictionnaire par petits bouts, m’a-t-elle dit en substance, un article maintenant, un autre plus tard ; comme des chocolats que l’on choisirait dans une boîte, en craignant d’arriver au bout. »

Pour tardive qu’elle soit, cette jonchée de roses me rassure. Je m’étais en effet demandé, dans les premiers temps, si je n’avais pas forcé sur les notations personnelles, ou trop livré dans cet ouvrage le fond de ma pensée – sur l’art contemporain, notamment… Il semblerait que non – du moins si j’en crois les lecteurs qui, depuis peu, me font connaître leur jugement,

Quelques bonnes signatures de la Presse m’ont fait, de leur côté, l’hommage d’une critique. Catherine Lalanne, dans le numéro du Pèlerin daté de cette semaine, met en avant l’âme et la grandeur d’un « lieu qui ennoblit tous ceux qui s’y confrontent ». Dans Le Figaro Histoire, Jean Sévillia soulignait la semaine dernière une indépendance d’esprit qui m’est chère : « Décidément, lançait-il en conclusion de sa longue analyse, Franck Ferrand ne pense pas comme tout le monde. » J’ai gardé le plus aimable pour la fin : Gilles Martin-Chauffier, dans Match, concluait le mois dernier que, dans ce livre, l’auteur – votre serviteur – se faufile à Versailles « en historien quand il fait le portrait de grands personnages mais aussi en amoureux, quand il ressuscite un temps où la France n’était pas victime de la maladie du rentable et du passe-partout. A le lire, ajoute-t-il, on se dit que la nostalgie est souvent amère, mais que ses fruits sont sucrés. » Formule dont j’aurais aimé être l’inventeur…

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L’humeur du 8 décembre – Instructeur ou animateur ?

FF

Face au découragement général, alors que la grisaille ambiante inviterait à baisser les bras, il me paraît bon de relever autour de soi des exemples de vertu et d’engagement, salutaire de les encourager, utile de les citer en exemple.

Un ami que je qualifierais de belle âme, agrégé de philosophie, se trouve enseigner – par choix – en zone prioritaire. Il me racontait, la semaine dernière, comment il avait gagné le respect et obtenu l’attention de ses élèves les plus récalcitrants – de véritables « sauvageons », comme disait naguère un ministre. Spontanément, à la fin d’un cours, mon ami s’est mis à citer – de mémoire – tout un poème d’Apollinaire ; or, à mesure que s’envolaient les beaux vers, alors cette musique prenait possession des lieux, il a vu revenir le calme dans sa classe. Sans avoir à élever la voix – par le simple et éternel pouvoir de la connaissance sur l’ignorance… A la fin, le silence est devenu tel qu’on y aurait entendu tomber une gomme. « Monsieur, a même demandé l’un des élèves les plus difficiles, vous nous direz encore des poèmes ? » Et pourquoi Pas ? L’habitude s’est installée, depuis lors, de clore chaque cours par un grand morceau de bravoure poétique ou théâtral. Pour le plus grand bien des élèves …et la plus grande joie de leur maître.

J’ai bien dit « maître ». Car je salue en lui un instructeur magistral, habité par sa matière, attaché à frapper les jeunes esprits et à leur transmettre un savoir. Pas une sorte d’animateur, chargé de faire émerger je-ne-sais-quel projet personnel ! La stérile idéologie de l’ « accompagnement pédagogique » est à l’origine – j’en suis persuadé – de la fameuse « chute du niveau » dont bruissent depuis si longtemps – bien qu’à mots couverts – les salles des profs.

Tout le monde n’en est pas convaincu, hélas. Mardi dernier, la publication du fameux classement Pisa, reléguant la France au vingt-cinquième rang des pays de l’OCDE pour l’éducation qu’elle dispense à ses enfants, aurait dû amener les tenants de cette méthode inepte à la discrétion. A leur place, je me serais fait tout petit ! Ce n’est pas ce à quoi nous avons assisté ; et je dois reconnaître ma stupéfaction devant l’aveuglement d’une parlementaire qui, sur une chaîne d’information, croyait pouvoir tirer cette conclusion du désastre – en substance : « il faut lutter contre l’apprentissage par cœur, et mettre en œuvre un enseignement plus participatif ». Triste, triste sottise !

Il n’est pire sourd, dit-on, que celui qui ne veut entendre…

 

 

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